Aujourd’hui encore, beaucoup de jeunes se questionnent sur les conditions d’accès au métier de professeur d’EPS.

Quelles études faut-il pour enseigner l’EPS ? Quelles motivations ? Quelles qualités sont nécessaires ? À quoi s’attendre quand on fait ce métier ?

Au-delà de l’enseignement du sport et de l’activité physique en elle-même, l’EPS c’est aussi une histoire de transmission de valeurs, de partage et d’écoute.

Une matière qui mêle à la fois, performance physique, savoir-être et apprentissage relationnel.

Zoom sur le quotidien et les difficultés de cette profession fondamentale à l’apprentissage scolaire avec Sébastien Bouvier, ancien professeur d’EPS au lycée Dumont d'Urville à Caen, aujourd’hui co-fondateur de Globtrainer, une solution complète de coaching alliant bien-être, sport et alimentation.

Sébastien Bouvier
Comment devient-on prof d’EPS ? Quel diplôme préparer ?


Pour devenir professeur d’EPS, il faut tout d’abord avoir son BAC.

Une fois le BAC en poche, il faut obtenir une licence en UFR STAPS (Unité de Formation et de Recherche en Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives) afin de préparer un Master d’enseignement.

Puis, en parallèle du Master, préparer le concours du CAPEPS (Certificat d'Aptitude au Professorat d'Education Physique et Sportive) à l’INSPE (Institut National Supérieur du Professorat et de l'Education)

L’erreur la plus fréquente des jeunes qui se lancent dans cette formation, est de croire qu’ils ne vont faire que du sport au cours de leur cursus.

En réalité, la licence STAPS est l’une des formations d’enseignement les plus complètes de l’éducation française. On va travailler à la fois sur la psychologie, l’anatomie, la physiologie mais aussi l’histoire, la pédagogie et faire beaucoup de travail théorique sur les différentes activités physiques et sportives.

L’apprentissage rédactionnel est aussi très important car il y a deux épreuves écrites, très exigeantes, à passer pour obtenir le CAPEPS.


Quelles sont les qualités premières pour obtenir ce diplôme ?

S Bouvier
La règle primordiale, qui est loin d’être facile à respecter, c’est l’hygiène de vie.

La formation STAPS comme beaucoup de formations universitaires, est réputée pour ses nombreuses fêtes étudiantes.

On est très tenté de sortir, s’amuser mais il faut être capable de se lever le lendemain à 8h pour aller s’entraîner.

Ensuite, il faut être très rigoureux et travailler énormément.

Puis, avoir une bonne condition physique, évidemment, et être polyvalent, à la fois sur les disciplines sportives et sur les matières théoriques.

L’histoire du sport, par exemple, nécessite de comprendre le lien intrinsèque avec les évolutions politiques et médiatiques.


Faut-il se spécialiser ? 


Lorsqu’on commence cette formation, il est nécessaire d’arriver avec une spécialité, un haut niveau dans une discipline.

Mais durant le cursus, on va être amené à découvrir des disciplines qu’on ne maîtrise pas du tout. Il faut être polyvalent et pouvoir aborder les différentes activités physiques et sportives.

Moi, par exemple, j’étais footballeur quand j’ai entamé ma licence mais il a fallu que je passe des épreuves de gymnastique au sol et que je fasse mes preuves en natation, ce qui n’était pas évident du tout au début.


Et quelles qualités faut-il pour exercer ce métier ?

S Bouvier
Il est nécessaire de faire preuve de pédagogie, de patience et d’écoute.

Il faut savoir que les activités physiques et sportives sont des activités de support à d’autres enseignements. Notre rôle en tant que professeurs d’EPS, est d’enseigner, à travers le sport, 5 points fondamentaux définis par l’Éducation Nationale : la citoyenneté, la responsabilité, l’autonomie, la santé et la sécurité.

Mais pour beaucoup d’élèves, les cours d’EPS sont seulement synonyme de sport. À nous, enseignants, de leur apprendre que le sport est surtout un formidable vecteur de valeurs, telles que l’entraide, le partage ou encore le respect d’autrui.

Ensuite, d’un point de vue personnel, en plus des qualités citées, j’ajouterais qu’il faut aussi être un bon bricoleur et avoir de l’imagination, parce que les installations sportives sont assez vieillissantes et limitées.

C’est quasi-mission impossible des fois.

Pour illustrer, dans notre gymnase, on a la possibilité de mettre seulement 5 terrains de badminton pour des classes de 35 élèves. Difficile d’enseigner le badminton dans ces conditions. Pareil avec les sports collectifs. Comment enseigner le handball avec 1 terrain pour 35 élèves ?

Donc ça peut être assez compliqué parfois.


Quel est ton quotidien ?

S Bouvier
Au début, quand j’ai commencé, j’avais beaucoup de travail de préparation avant les cours.

Quand on sort du concours, on est tout jeune, on n’a pas d’expérience et forcément, on ne maîtrise pas encore tous les aspects du métier. Il faut du temps pour prendre confiance.

Au début, on a souvent du mal à s’imposer, à mettre en place sa propre méthode. On a tendance à entrer dans un moule et oublier ses convictions mais s’il y a une phrase à retenir, qui moi m’a permis d’avancer, c’est “ Fais ce que tu penses être bien “.


Comment sont choisies les disciplines enseignées ? 


Le choix des activités évolue tous les ans. Institutionnellement, il y a 5 grandes familles d’activités que l’on doit aborder au cours de la scolarité collège/lycée. 

  • Les activités sportives d’opposition qui réunissent les sports de raquettes, de combat et les sports collectifs. Le point commun de ces disciplines étant l’adversité.
  • Les sports individuels de performance tels que l’athlétisme ou la natation
  • La production de forme telle que la gymnastique, la danse ou l’acrosport
  • Les activités sportives d’entretien physique comme le yoga ou la musculation
  • Les activités sportives nécessitant de s’adapter à un environnement incertain comme l’escalade ou la course d’orientation

Mais en pratique, avec les contraintes liées aux installations et le manque d’infrastructures sportives, certaines disciplines sont difficiles à mettre en place. Donc le choix se fait en fonction de ce qui est possible ou pas.

C’est d’ailleurs ce qui créé des inégalités entre les régions, les communes et les établissements.


Comment sont évalués les élèves ? As-tu la possibilité d’établir ton propre barème ? 

Sébastien Bouvier et ses elèves
Aujourd’hui, les méthodes d’évaluation des élèves sont décidées par le professeur mais la mise en place d’un barème et d’un système de notation peut s’avérer compliqué parce qu’on est amené à évaluer des critères subjectifs.

Comme je l’ai dit, en EPS, nous enseignons des disciplines sportives certes, mais à travers elles, bien d’autres qualités telles que le sens de l’observation, la capacité à travailler en équipe, à diriger, etc.

Par ailleurs, pour avancer dans les activités physiques et sportives, le maître mot, c’est la pratique. Or, un cycle d’enseignement aujourd’hui se résume à dix séances (entre les coupures dues aux sorties scolaires, les formations des enseignants, les absences des élèves...)

En dix séances, donc, il faut à la fois pouvoir enseigner et évaluer la performance sportive et l’ensemble des qualités et valeurs transmises à l’élève.

Pour évaluer l’observation avec un barème par exemple, l’élève va devoir remplir une fiche, mais pendant ce temps-là, il ne pourra pas pratiquer. De même, pour évaluer sa capacité à s’exprimer avec des termes propres à la discipline, il faut adapter l’évaluation à l’oral, ce qui prend du temps.

C’est ce qui explique qu’aujourd’hui les méthodes d’évaluation soient si différentes d’un établissement à l’autre.


Que conseillerais-tu à ceux qui souhaitent faire ce métier ? 


Si j’avais un conseil à donner, ce serait ; avant de commencer ce travail ou de vous lancer dans une formation d’enseignant, essayez de vous investir dans des clubs ou des associations en tant qu’encadrant.

Ce type d’expérience vous permettra de tester votre capacité à interagir avec les jeunes et votre habilité à transmettre. C’est aussi un bon moyen pour vous de savoir si vous êtes fait pour enseigner ou non.


                                           

S Bouvier
Merci encore à Sébastien pour ce partage d’expérience et ses conseils précieux pour les générations à venir.

Et si vous êtes à la recherche d’un coach sportif spécialisé dans la gestion du stress, la qualité de vie et la nutrition, n’hésitez pas à contacter les équipes de Sébastien directement sur la page Linkedin de Globtrainer.

Ecrit par linkNsportle 10/11/2022

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1 commentaires

Sébastien

10/11/2022 à 17:30

Merci beaucoup pour cet article !!!!

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