Parle-nous un peu de toi, quel est ton parcours ?
En 2009, je travaillais sur ma thèse doctorale quand mon accident de moto a fauché mes espérances d’avenir.
Trois mois et demi de coma et les cartes sont rebattues.
J'avais tout d'abord opté pour un Master professionnel dans l’objectif de devenir préparateur physique pour sportifs professionnels ou semi-professionnels. Mais déjà très intéressé par le Sport Santé, je souhaitais en savoir plus sur cette thématique, si importante pour la santé publique. J’ai donc saisi l'opportunité d'un poste d'ingénieur d'étude à l’Inserm, ce qui me permettait d'être salarié, tout en étant inscrit en doctorat à l’École doctorale Galilée (Université Paris 13). J'avais alors 24 ans et j’étais coach sportif en région parisienne, depuis quelques années déjà.
C'est là-bas que survient l’accident.
Trois mois de vide (durée de ma période de coma)...Et puis, le réveil.
Mon directeur de thèse était là. Il avait pris soin de revêtir sa blouse de médecin. Il a levé la main, m’a fait un large sourire. Grâce à cet interlocuteur de premier plan, j’ai su que j’étais sauvé. Je n’ai pas eu le temps de me demander "quand ? pourquoi ? comment ?"... Branché sur mon lit d’hôpital, parents et amis se sont pressés autour de moi.
Submergée par l’émotion, ma mère pleurait de joie. C’est là que j’ai compris que ça devait être grave.
Suivent des mois de chaise roulante, de rééducation physique et cérébrale (Ma mémoire à court terme était bousillée. Je pouvais serrer 25 fois la main à une même personne)...
Il m' a fallu réapprendre à marcher, à parler, à réorganiser ma pensée de manière structurée. Hôpital...Centres de Rééducation...la vie en collectivité, m'était devenue étrangère... J'intègre alors, un GEM (Groupe d' Entraide Mutuelle). Initiative me permettant de réassimiler toutes les règles de vie en communauté, de bénéficier d'interactions constantes, au service de mon cerveau de citoyen abîmé.
Le point positif de mon expérience, c’était de prendre conscience de mes progressions. Une flopée de nouvelles victoires.
Des années de lutte pour recouvrer la santé, puis je rencontre ma femme. Nous avons un premier enfant, avant de déménager de la région parisienne, en direction de l' Indre et Loire (Saint-Avertin), où naît notre deuxième enfant. J'étais alors devenu président d'un Groupe d'Entraide Mutuelle (GEM L’Élan), dédié aux cérébro-lésés, à la suite d’accidents ou d’AVC.
En écho à ce sourire de mon directeur de thèse, j'effectue, depuis quelques années maintenant, des résumés et traduction de publications scientifiques sur le sujet du sport-santé, que je publie sur mon blog "Sport Sourire Santé".
Si je suis serein aujourd’hui, c’est que des solutions existent. Les résultats scientifiques le prouvent. L’activité physique (possiblement adaptée) ne peut qu’être bénéfique à tous et à tout âge.
Comment le sport t’a-t-il aidé dans ta vie ?
J'ai changé ma façon d’appréhender les événements grâce au sport.
Cela m’a beaucoup apporté car il me mettait régulièrement devant un même schéma :
- Un objectif à atteindre
- Faire le bilan de mes compétence
- Quels méthodologies et apprentissages acquérir pour atteindre cet objectif ?
- Méthode, apprentissage, de l'acharnement et de la détermination = des chances optimisées d'atteindre l’objectif fixé
Aujourd’hui, quelles activités sportives pratiques-tu ?
Aujourd'hui, je pratique le tir à l' arc, la course à pied et la musculation dont le renforcement musculaire.
Qu'est-ce qui t’a motivé à te lancer dans cette (ou ces) discipline(s) ?
Reconquérir mes aptitudes physiques "de base", notamment ma force, ma résistance et mon endurance.
Quels bénéfices as-tu observé sur la santé à titre personnel ?Notamment au niveau de la récupération et de la rééducation ?
Mon passé sportif m'a permis de bénéficier de quelques “longueurs d'avance” au cours de ma période de rééducation physique.
Cela m’a permis de récupérer et de me motiver plus facilement sans rien lâcher.
Ce leitmotiv, "renonce au renoncement", me permet d'avancer et de poursuivre mes efforts à travers la pratique de l'activité physique.
Quels ont été les plus grands défis que tu as rencontrés en pratiquant le sport après ton accident ?
Dans un premier temps, ce fut de prouver au plus grand nombre que “Oui!”, je parviendrai à remarcher puis à courir, un jour.
Ensuite de reconnaître, avec suffisamment de sérénité, que je n'étais plus capable de faire comme avant l'accident.
Et enfin de considérer que ma vitesse de progression serait également impactée.
Y a-t-il eu des moments particulièrement marquants ou des réalisations dont tu es fier ?
Oui, le moment où j'ai lâché mon déambulateur (utilisé, après être passé par l'inévitable fauteuil roulant) et retrouvé mon aptitude à la marche. Ce fut une réelle victoire.
Aujourd’hui, quel est ton rythme d’entraînement ?
Un entraînement diversifié, mais quotidien, indissociable d’une bonne santé.
Que conseillerais-tu aux personnes qui s’apprêtent à entamer un parcours de rééducation longue ?
Le simple fait de participer à ces séances de rééducation est la première des victoires.
Quelle que soit cette période de rééducation, celle-ci est source de progression.
Si ce parcours n'est pas encore terminé, cela veut dire qu'une belle progression vous attend. Alors, quoi qu'il en soit, accrochez-vous, vous ne le regretterez pas.
Selon toi, que faudrait-il pour faciliter l’accessibilité au sport santé ?
Sensibiliser le plus grand nombre de manière adaptée et authentique, à travers des témoignages, des résultats de recherches scientifiques, des animations sur les opportunités offertes par le Sport Santé.
Mon objectif est d'informer le plus grand nombre des bénéfices du Sport Santé.
Des résultats probants existent qu'il faut largement communiquer au plus grand nombre, afin de transformer les initiatives en projets de santé publique.
Merci à Julien Gloanec pour son partage d'expérience. Retrouvez toutes ses publications sur son blog Sport-Sourire-Santé
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Ecrit par linkNsportle 30/08/2024
