A la découverte du volley assis avec Thibaud Lefrançois

Comment se pratique le volley assis ? Quelles sont les particularités de la discipline ?

Il y a une petite spécificité au niveau de la sémantique. La discipline s’appelle volley assis ou paravolley parce qu’elle est pratiquée au sein de la Fédération Française de Volley et non pas au sein de la fédération Handisport.

Le volley assis se joue en équipe de 6, à partir d’une position assise et les déplacements se font en glissant sur le terrain.

Le règlement international nécessite d’avoir toujours les fesses au sol, donc ça implique des déplacements totalement différents où il faut énormément utiliser ses bras. Il faut être très rapide et avoir une bonne coordination pour jouer la balle avec ses mains.

Autre particularité, en France, on peut jouer en équipe mixte, donc avec des personnes en situation de handicap et des personnes valides.

Au niveau du jeu, les règles ne sont pas tellement différentes du volley traditionnel sauf que l’on peut venir bloquer au service, ce qui change la manière de servir. Le terrain est aussi plus petit et le filet est évidemment placé plus bas pour permettre de jouer en position assise.

Qui peut jouer au volley assis ? Existe-t-il des contre-indications ?

La discipline est ouverte à tous. Que l’on soit une fille ou un garçon, tout le monde peut jouer ensemble.

Après, au niveau international, pour les compétitions, on est obligé d’être classifié donc toute l’équipe doit être en situation de handicap. Au niveau des pratiquants, on voit plutôt des personnes amputées ou qui ont une perte de force ou d’amplitude articulaire.
Il peut aussi y avoir des personnes souffrant de maladie, les classifications sont assez larges.

En revanche, c’est important d’avoir des abdominaux, sinon la pratique de la discipline peut être assez compliquée. En-dehors de ce point, il n’y a pas de contre-indications à la pratique du volley assis.

Faut-il un matériel spécifique pour la pratique du volley assis ?

Il n’y a pas de matériel spécifique pour le volley assis mais ça peut être intéressant d’avoir un textile qui glisse bien pour pouvoir se déplacer plus facilement.

Sinon le matériel est le même qu’en volley traditionnel. Tant qu’on a un filet bien tendu, des mires, des ballons et un tracé au sol, on peut jouer au volley assis.

Comment se déroule un match ?

De la même manière que le volley traditionnel, avec des temps-morts également. On joue en sets de 25 points, avec 3 sets gagnants, et on peut aller jusqu’à 5 sets.

Au cinquième set, le premier qui a 15 points remporte le match, avec toujours l’idée d’avoir 2 points d’écart par rapport à l’autre équipe.

Comment se déroulent les entraînements avant-match ?

En équipe de France, on a souvent une partie vidéo où on va aller décortiquer le jeu adverse pour essayer de déterminer notre tactique. Essayer de savoir qui sont les attaquants, sur qui on va servir.

En entraînement avant-match on va travailler sur des choses assez simples comme la relation passe-attaque, l’idée étant de prendre confiance dans notre jeu et nos relations entre joueur.

Quels bienfaits peut-on retrouver dans le volley assis ?

On retrouve beaucoup de bienfaits à la pratique du volley assis.

C’est un sport intense qui permet de muscler en profondeur le haut du corps, notamment les abdos, et de regagner en tonus musculaire.

C’est particulièrement intéressant pour les personnes amputées récemment, dont le moignon n’est pas encore cicatrisé car ce sport n’impose pas de poids sur le corps, ce qui permet de pratiquer une activité physique sans risques.

Aussi, c’est un jeu collectif et un sport très riche en interactions sociales, ce qui a des effets positifs sur le mental, la motivation et la confiance en soi.

Personnellement, ça m’a beaucoup aidé suite à mon accident. Ce sport m’a aidé à me réapproprier mon corps, à me rendre compte que j’étais capable de faire beaucoup de choses physiquement.

À quel âge as-tu commencé la pratique professionnelle ?

Il y a 4 ans, un an après mon accident, lorsque j’avais 26 ans.

J’ai commencé progressivement, au début, je ne pratiquais pas énormément et puis j’ai commencé à augmenter mes entraînements à la semaine.

Il faut noter que je suis sportif de haut-niveau mais je ne suis pas professionnel, donc ça veut dire que je travaille à côté et que j’ai besoin de partenaires pour financer mes entraînements, le matériel, la logistique, etc.

Combien d’heures t’entraînes-tu par semaine ?

Thibaud Lefrançois
Je m’entraîne 12 heures par semaine en moyenne, incluant 8 heures de volley et 4 heures de préparation physique, parfois plus.

La préparation physique sert surtout à éviter les blessures et à gagner en force et en explosivité. On travaille aussi beaucoup sur la souplesse et la mobilité. En période de compétition, on peut aller jusqu’à 20 heures d’entraînement par semaine.

Il y a également une phase de préparation mentale qui est hyper importante pendant laquelle on va préparer l’esprit à être dans les meilleures conditions pour le jour J, face au stress, à la frustration.

C’est un peu ce que j’appelle la “face cachée de l’iceberg”, tout ce travail en amont que le spectateur ne voit pas forcément lors des matchs.

Qu’est-ce qui te plaît dans ce sport ?

Beaucoup de choses.

J’aime beaucoup la partie tactique, parce que le volley assis, c’est avant tout un combat tactique où il faut trouver les meilleures astuces pour contrer l’adversaire, anticiper ses actions, ses placements, essayer de savoir quel type de joueur on a en face.

L’aspect technique aussi est très stimulant. Il y a beaucoup à apprendre pour progresser et c’est satisfaisant de se rendre compte de ses progrès petit à petit. Il y a aussi le côté physique qui me plaît beaucoup. Le volley assis est un sport rapide et explosif.

Il y a le combat mental, essayer d’anticiper, de savoir si on va gagner un duel au filet, un service-réception.

Et j’adore aussi le partage sur le terrain, je trouve qu’il y a vraiment quelque chose de fort dans le collectif. Quand l’équipe arrive à se forger, on décuple le plaisir autant quand on gagne que quand on perd des matchs.

Pour moi, c’est un sport qui a tout pour plaire.

Y a-t-il d’autres sportifs qui t’inspirent ou te motivent à aller plus loin ?

Je n’ai pas forcément de noms précis en tête, je suis hyper admiratif de tous les sportifs et sportives.

J’ai beaucoup de respect pour toutes les personnes qui arrivent au quotidien à mettre en oeuvre des choses et à avancer pour aller plus loin dans la performance.
Ce sont vraiment des sources d’inspiration pour pas mal de gens et je respecte beaucoup ce qu’ils font au quotidien.

Merci à Thibaud pour cet entretien qui nous en apprend davantage sur le volley assis.

Si vous souhaitez vous lancer dans la pratique de cette discipline, n'hésitez pas à vous renseigner sur la plateforme de la Fédération Française de Volley qui recense l'ensemble des clubs en France.

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