La course à pied, figure aujourd’hui comme l’un des sports préférés des Français.
Chaque année, de nombreux sportifs amateurs se lancent à l’assaut des sentiers et des routes pour profiter des bienfaits de ce sport ancestral.
Au-delà de l’activité physique en elle-même, la course à pied est souvent décrite comme un exutoire, un moment de lâcher prise où seule compte la distance à parcourir.
Delphine Laurent, notre athlète ambassadrice linkNsport, spécialiste de longues distances, nous partage son expérience.
Quand as-tu commencé le running ?
J’ai commencé très tardivement, il y a un peu plus de 10 ans. J’aimais le sport en général mais je n’aimais pas du tout la course à pied.
Au fil du temps, j’ai rencontré pas mal de sportifs et un jour, l’un d’entre eux m’a dit, “Delphine, tu as le gabarit pour courir”. Alors je me suis dit pourquoi ne pas tenter pour voir et c’est comme ça que je me suis lancée.
D’abord, sur de petites distances de 5 km puis très vite, je partais pour 10 km.
J’ai progressivement augmenté les distances, d’abord 30 km puis 35 km, et je me suis rendue compte que mon corps supportait très bien la distance. À tel point que je me suis mise à faire des sorties régulières en format marathon, juste comme ça, pour le plaisir.
Pratiquais-tu d’autres sports à ce moment-là ?
Je pratiquais du sport en salle pour garder la forme mais ça ne me passionnait pas vraiment. Et aussi beaucoup de natation. J’aimais beaucoup faire des longueurs en palmes pendant des heures.
J’ai grandi à la campagne alors pour moi, le sport, l’activité physique, a toujours fait partie de mon quotidien.
Enfants, on était toujours sur nos vélos ou nos rollers. On faisait un peu de tout, du football, du tennis, on avait toujours nos baskets aux pieds. Finalement, on pratiquait sans le savoir.
Et quand as-tu participé à ta 1ère course ? Combien de kilomètres alors ?
En 2015, j’ai commencé à m’inscrire à des petites courses de province pour tester le format compétition.
Puis, c’est en 2017, où j’ai réalisé ma première course longue distance ; 80 km à l’Eco trail de Paris.
À cette époque, j’entendais beaucoup d’avis négatifs autour de moi. Des personnes qui me disaient, “mais Delphine, tu es une fille, c’est trop difficile pour toi” ou “Tu n’as jamais fait de longues distances, tu ne te rends pas compte, c’est un 80 km, tu n’y arriveras jamais”.
Mais, ça ne m’a pas découragée parce que pour moi, c’était juste une compétition plaisir, il n’y avait pas d’objectif derrière. Je me disais que si jamais ça n’allait pas, je m’arrêterais et puis c’est tout.
Au final, je l’ai terminé autour des 9 h 30, donc c’était plutôt pas mal pour une première.
J’ai ensuite découvert mon premier 24 h très récemment, juste après le COVID, quand je côtoyais les sportifs de l’ultra fond.
J’étais inscrite aux différents championnats de France mais les événements ont été reportés plusieurs fois en raison de la crise sanitaire.
Au 24 h, j’ai couru 166 km et je me suis placée 4e des filles. C’est aujourd’hui mon objectif de course.
Qu’est-ce qui t’a plu dans ce sport ?
Énormément de choses. Pour moi, la course à pied, c’est un véritable moment à soi.
Quand je chausse mes baskets, je ne me pose plus de questions du style : est-ce qu’il fait beau dehors ? Est-ce que je suis fatiguée ? Est-ce que j’ai mal quelque part ? Je cours, tout simplement.
Ce sport m’apporte bien plus que le bien-être physique et la santé.
Je fais beaucoup le parallèle avec la vie en général.
Durant une course longue distance, comme dans la vie, il y a des hauts et des bas. Des moments où on va se sentir invincible, où on va tout cartonner et d’autres moments plus difficiles, où on est fatigué, où le moral baisse.
Dans ces cas-là, on va aller chercher la motivation dans sa tête. Essayer de trouver du positif au fond de soi-même.
Pour moi, c’est de penser à mon papa, décédé récemment. C’est pour lui que je cours. Il est présent avec moi dans chaque course.
La course à pied, c’est aussi un sport qui vous emmène jusqu’au bout de vos capacités, qui vous pousse à aller puiser en vous-même des ressources insoupçonnées. C’est au-delà du physique, c’est vraiment dans la tête que ça se passe et je trouve ça extraordinaire.
Sur 24 h de course, je suis toujours époustouflée par la résistance que le corps peut avoir.
De quelle course es-tu la plus fière ?
En réalité, il y en a deux.
Il y a eu le trail de la vallée du Morin.
Je crois que c’était la troisième édition que je faisais. Je ne suis arrivée que 3e sur le podium mais j’étais tellement fière parce que je n’ai rien lâché tout du long et j’ai forcé jusqu’au bout, sur les derniers km, pour ne pas arriver 4e.
À l’arrivée, j’étais hyper contente d’avoir tout donné, bien plus que les fois précédentes où j’étais arrivée 2e.
En plus, ce jour-là, ma famille était présente dont mon papa qui compte énormément pour moi. C’était une vraie fierté d’accomplir ce challenge devant lui.
La deuxième fierté, c’était les premiers championnats de France des 24 h d’Albi.
Pour moi cette course, ce fut une révélation.
Mon petit frère m’avait accompagnée pour l’événement et à la fin de la course, on pleurait tous les deux tellement l’émotion était forte. J’en ai encore des frissons.
En tout cas, et ça vaut pour chaque course, il est important de saluer le formidable investissement des organisateurs qui font ça, pour la plupart, bénévolement, parce qu’ils aiment ça.
Ils sont là du matin au soir, ils viennent même la veille pour tout préparer et tout installer.
Le jour de la course, ils sont aux petits soins pour les participants. Il y a une telle ambiance, une telle cohésion, grâce à leur travail, c’est magique.
Je tenais à les remercier chaleureusement pour leur temps et leur énergie.
Comment t’entraînes-tu ?
Avec mon entraîneur, Mika, qui me suit depuis des années. C’est lui qui conçoit mon plan d’entraînement.
Il a beaucoup de travail avec moi car je peux parfois être une mauvaise élève (rire) mais il est toujours au petit soin pour moi.
Comment arrives-tu à concilier tes entraînements et ta vie active ? Combien de fois t’entraînes-tu par semaine ?
J’arrive facilement à concilier mes entraînements avec ma vie professionnelle et personnelle.
Mon métier en tant que chargée de développement dans le secteur du sport me permet de bouger pas mal au quotidien et de gérer mes plannings comme je l’entends.
Comme je n’ai pas d’horaires prédéfinis, style 9 h -17 h, je peux m’organiser pour trouver le temps de concilier mon activité professionnelle avec mes entraînements.
Parfois, je passe beaucoup de temps au travail parce que le spectre horaire de mon métier est très large, mais dans ces cas-là, je m’arrange pour partir m’entraîner plus tôt.
Si je sais que j’ai une journée chargée qui m’attend et que je vais finir tard, je me lève plus tôt. Ça m’arrive de partir à 5 h du matin par exemple, avant d’enchaîner avec le boulot.
Évidemment, il y a toujours des jours plus difficiles que d’autres mais je pense que quand on veut vraiment, on peut. Il faut simplement avoir la motivation et l’amour du sport.
À partir du moment où ça devient une passion, on trouve toujours le temps pour pratiquer.
Je m’entraîne 6 jours sur 7 et il est très difficile pour moi de faire une pause. En général, je fais 380 à 400 km par mois selon les courses que j’ai à préparer.
J’avoue ne pas faire beaucoup de préparation physique, principalement par manque d’envie.
Comment garder la motivation en hiver ou par temps pluvieux ?
Eh bien, pour moi la question ne se pose pas vraiment parce que j’ai toujours la motivation, même en hiver.
Même s’il y a une pluie battante ou qu’il neige, je pars quand même.
Je me dis toujours de toute manière ça va bien finir par s’arrêter et si ça ne s’arrête pas, eh bien je cours sous la pluie, c’est tout.
La seule chose qui m’arrête c’est s’il y a un orage. Dans ce cas, j’attends que la tempête passe avant d’y aller.
Est-ce qu’on peut faire de l’entraînement intensif à jeun ?
Je dirais que ça dépend des personnes. Ça peut se faire mais pour ça, il faut bien se connaître et savoir pourquoi on le fait.
Au cours de mes entraînements, j’essaie d’habituer mon corps à supporter les contraintes. Donc il m’arrive parfois de ne pas manger la veille et de partir courir à 11h30, quand je commence à ressentir la faim.
Il y a des moments où ça peut être très difficile, on va beaucoup penser à la nourriture pendant quelque temps puis au bout d’un moment, les pensées se redirigent vers la course.
Tout est dans le mental.
Adoptes-tu une nutrition spécifique à l’approche d’une course ?
Je suis végétarienne et je mange peu habituellement. Essentiellement du riz et des lentilles.
En revanche, à l’approche d’une course, j’augmente les portions pour avoir un meilleur apport nutritif.
Quelles seraient les 3 règles d’or à retenir pour préparer une course ?
La 1ère règle serait de s’entraîner régulièrement. Ça peut paraître évident mais on ne fait pas un 100 km ou une course de 24 h sans entraînement donc il faut prévoir des sorties régulières bien en amont de la compétition.
La 2ème règle serait, avant la course, d’avoir une bonne nuit de repos. Il est primordial de bien dormir. Pour moi, c’est une évidence et c’est un paramètre très important le jour de la course.
Et enfin, dernière règle, bien s’hydrater en buvant beaucoup d’eau.
Et pour bien récupérer après une course ?
Encore une fois, boire beaucoup après la course. Pour réhydrater le corps qui vient de fournir énormément d’énergie.
Il est aussi recommandé de bien reposer ses muscles mais j’avoue avoir du mal à respecter ce conseil.
Autre chose que je fais assez souvent et que j’essaie de systématiser, c’est d’aller voir un ostéopathe qui pratique la cryothérapie que je trouve idéale pour la récupération musculaire.
As-tu déjà constaté du gaspillage à la fois alimentaire et matériel lors des événements sportifs auxquels tu as participé ?
Oui, même si je sais que les organisateurs font au mieux pour limiter ce gaspillage, on voit bien qu’il y a encore trop de plastique, de bouteilles d’eau, de vaisselle jetable.
Je pense qu’on a encore du chemin à faire pour s’améliorer à ce niveau-là.
Comment adopter une pratique plus éco-responsable lorsque l’on fait du running ?
À mon niveau, j’évite au maximum de consommer des aliments tout-prêts, achetés en grande distribution et je privilégie le fait maison.
Ça me permet de transporter ma nourriture dans des pochettes de congélation réutilisables.
Je n’utilise plus de tout de bouteilles d’eau mais des gourdes.
Et au niveau équipement, la marque HOKA que j’affectionne, fait pas mal d’efforts pour être plus durable même s’il reste encore beaucoup à faire à cette échelle.
Quelle course prépares-tu actuellement ?
Je viens de faire les 100 km boucle de Metz, le 17 septembre 2022. Et pour fin 2022, je prépare une nouvelle fois les championnats de France 24h d’Albi, le 22 et 23 octobre.
Cette fois, j’envisage de faire 187 km et j’espère me positionner parmi les premières.
As-tu des conseils pour celles et ceux qui souhaiteraient suivre ton exemple ?
Je ne me considère pas comme un exemple en tant que tel, mais pour ceux qui souhaiteraient se mettre à l’ultra fond il y a quelques conseils simples à suivre.
Déjà, être bien chaussé, c’est essentiel. Donc investissez dans une bonne paire de baskets.
Ensuite, pour vos sorties, prévoyez un petit sac adapté avec des flasques d’eau et commencez à courir tranquillement, sans vous mettre une pression monumentale, en y allant progressivement.
Le plus important c’est de prendre plaisir dans la course.
Ensuite, avec l’entraînement, vous pourrez augmenter les distances petit à petit.
Dans tous les cas, je pense que si on aime ce sport, le mental suivra.
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Merci Delphine pour ces précieux conseils et ton retour d’expérience.
Et comme d’habitude, pour ceux qui souhaiteraient s’équiper à moindre frais, notamment pour la préparation physique, n’hésitez pas à consulter nos annonces de matériel de sport d’occasion.
Ecrit par linkNsportle 14/10/2022
Hélène
20/10/2022 à 08:22
Je suis fan de la course à pied et je recherche très souvent des informations sur le sujet et surtout les coureurs les plus populaires dans le monde entier. En lisant cet article, j’ai donc pu prendre connaissance de Delphine Laurent qui est une coureuse de longue distance à la fois puissante et surtout motivée dans l’atteinte de ses objectifs.