En 2019, à seulement 25 ans, l’athlète australienne Ashleig Barty, numéro un mondial de tennis, annonce «je n’ai plus çà en moi » et prend sa retraite anticipée. Il lui manque un moteur.. la motivation et un mental pour continuer ses performances à haut niveau.
Selon l’INSEE, le mental représenterait 70% de la performance chez un sportif. C’est véritablement le moteur de tous les athlètes.
Parallèlement, le témoignage poignant du nageur champion olympique Michael Phelps retentit encore dans notre esprit : «Personne ne me demande si je vais bien ».
De même que celui, plus récent, de la joueuse de tennis Naomi Osaka, victime d’anxiété.
Ces athlètes, personne ne les a accompagnés pour les aider à gérer leur état émotionnel, forcément mis à l’épreuve en compétition de très haut niveau.
Pourtant, c’est bien connu, le corps et l’esprit sont indissociables. L’entraînement physique devrait donc impliquer un entraînement mental systématique.
Anne Boudard, experte en neurosciences et préparateur mental certifié, fait le point sur cet entraînement de l’esprit, indispensable en compétition.
La préparation mentale pour les sportifs de haut-niveau, comment ça marche ?
Les formidables capacités du cerveau
Dans notre quotidien, plus de 95 % de nos actions sont faites automatiquement. Fort heureusement pour nous car cela nous permet de vivre (survivre en cas de danger), respirer, boire, manger, digérer…et d’activer toutes les fonctions vitales de notre système nerveux autonome.
Cela permet aussi de lire, chanter, danser, écouter de la musique, calculer, faire du vélo, du sport, conduire sa voiture tout en parlant à son passager, se diriger, toutes sortes d’actions sensimotrices dont le rythme est intense, multitâche... Plus de 35000 tâches exécutées, chaque jour, automatiquement par notre cerveau.
Notre cerveau tourne donc à plein régime, nuit et jour, sans aucune trêve, ni repos syndical.
Tout est enregistré et stocké dans notre cerveau, ainsi que tous les évènements qui jalonnent notre histoire et les ascenseurs émotionnels que nous vivons. Tous nos apprentissages prennent le chemin de l’automaticité après un entraînement en mode manuel.
Y a-t-il un pilote dans l’avion ? Apprendre à maîtriser son état émotionnel pour performer
Nous possédons donc une machine mentale exceptionnelle, souvent activée en pilotage automatique. Notre cerveau, tel un bateau sous le vent, nous conduit au gré de ses fluctuations souvent inconscientes, un temps notre allié, un temps adversaire.
Parfois, face à sa gestion contradictoire de toutes nos pensées, les émotions qui surgissent nous perturbent et compromettent nos capacités.
Pour performer dans un sport ou une activité professionnelle, il faut alors sortir du pilotage automatique et reprendre le pilotage manuel. Agir plutôt que subir.
Mais piloter son état émotionnel passe aussi par un apprentissage pour identifier, maîtriser, amplifier ses capacités avec précision et percevoir avant d’agir.
Conduiriez-vous une voiture de course sans connaître le manuel et son fonctionnement ? Probablement pas.
Comment intégrer la préparation mentale chez les sportifs de haut-niveau ?
Le rôle du coach mental
La préparation mentale prépare, entraîne, aide à se découvrir et à comprendre tous les leviers de la performance.
Les exercices de préparation mentale vont nous aider à travailler la concentration, la relaxation, la motivation mais aussi, la confiance en soi, la fixation d’objectifs et à maîtriser toutes les subtilités de nos fonctions cognitives et émotionnelles comme l’attention, le stress ou l’anxiété.
Ce type d’entraînement permet aussi d’anticiper nos comportements, en activant les bons leviers de la concentration et de la motivation mais aussi et surtout, ceux du plaisir, si importants dans la pratique sportive, notamment grâce à cette libération de dopamine dont le cerveau raffole.
Pour cet entraînement, l’expert va utiliser diverses techniques et outils, notamment basés sur la créativité, qui permettront d’accompagner mentalement un sportif vers la réussite.
Cet accompagnement pourra se faire à tous les stades de la carrière de l’athlète, y compris après une blessure.
Dans ces cas précis, le coach mental va évaluer, diagnostiquer l’état émotionnel du sportif afin de constituer un programme combinant des exercices de préparation mentale avec des objectifs définis en collaboration avec l’entraîneur de l’athlète.
Pourquoi entraîner son cerveau comme son corps ?
Cela demande du temps et des efforts pour reconfigurer son mental.
Il est important de s’exercer pour parvenir à se comprendre et comprendre les autres, identifier ses points forts et ses points faibles et entraîner cette formidable machine cognitive qu’est notre cerveau.
Il faut aussi du temps pour muscler son cerveau, pour coder un circuit neuronal sur-mesure, ancré vers la performance, et l’automatiser afin de répondre avec précision à chaque situation avant, pendant et après la compétition.
Constituer une sorte de “réserve d’états mentaux personnels” selon la situation, permet ainsi, d’anticiper pour gagner et d’améliorer son état émotionnel.
Anne Boudard : Préparateur mental certifié de sportifs de haut niveau, membre de EMCC (fédération européenne de coaching) experte en neurosciences
“Ma conviction est que la force est (vraiment) en nous. À nous d’en découvrir le mode d’emploi et les clés grâce à la préparation mentale que je pratique pour tous les sportifs de tous niveaux avec des objectifs de performance.
C’est une capacité puissante qui est devenue indispensable pour réussir. Mais aussi pour gérer l’après.
C’est d’ailleurs, une des raisons pour lesquelles je suis devenue préparateur mental. Pour accompagner les athlètes dans tous les moments même les plus stressants de leur carrière. “
Ecrit par linkNsportle 15/04/2022